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Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/115

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parable outrage et, forte de cette illusion, elle se rendit au café de la Boule Plate, anxieuse de l’accueil qui lui serait fait.

Dès son entrée, Alembert Picquet, le « bosse », s’enquit — ça se voyait donc ! — avec un vif empressement où une roublardise vraie se mêlait à une compassion fausse.

— Ça m’est arrivé ce matin en faisant mon ménage, dit Mme Fampin : je suis tombée sur l’angle d’un fauteuil dans ma salle à manger.

Alembert Picquet la félicita : assurément il valait mieux tomber sur l’angle d’un fauteuil que sur un coup de poing, rencontré par hasard, au coin d’une discussion de ménage.

Les deux garçons de café l’approuvèrent avec hypocrisie, tandis que la pauvre Mme Fampin, démontée, courait cacher à la cour les pleurs de colère et de désespoir qui, telle une pluie malencontreuse détrempant et gâchant un mur récemment caressé par le pinceau d’un façadeklacher, emportèrent le savant et frêle maquillage de ses beaux yeux.

Mais cette journée devait être celle des malheurs : à 10 heures, une dépêche apprenait à Mme Fampin la mise en faillite de M. Charles Marcquebreuq, le gros éleveur de Perwelz, habitué du café de la Boule Plate, qui avait eu plusieurs fois des bontés pour elle.