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Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/161

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murs, le parquet et le plafond de la Boule Plate en demeurèrent éclaboussés.

Odon, la bouche amère et les yeux mi-fermés, finit par être si excédé qu’il sortit, malgré la bourrasque. La rue aussi était lugubre ; de rares fiacres couraient au grand trot, en tempête, carapaces noires, luisantes de pluie, tandis que claquaient au vent les toiles cirées détrempées et les cabans des cochers ; des vitrines jetaient dans cette eau, maîtresse de la ville, des lumières blanches et crues, en paquets ; des passants toussaient dans des flaques, sous des parapluies ; Flagothier frissonnait, humidifié jusqu’aux moëlles, mécontent de lui et de tout.

Quand il rentra à la Boule Plate, Jane et André venaient d’y arriver ; ils jouèrent aux cartes sans entrain.

Odon ne pouvait détacher ses yeux de Jane, André qui, pourtant, était toujours d’humeur égale, paraissait soucieux et triste.

Jane dit : « Après de main, à cette heure-ci, je serai à Berlin. »

Personne ne fit de réflexion.

Brusquement, vers minuit, André se leva.

« Attendez-moi un instant, dit-il à Jane et à Odon. J’ai une course à faire.

— Une course ? À minuit ? Peut-on savoir ? fit Jane.