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Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/232

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Mais Rose refusait de céder à ce caprice de malade.

— Ça n’est pas ma place dans une fête maintenant, ouïe, non, saëz-vous !

— C’est encore moins votre place ici, près d’un pauvre malade, quand tout le monde est à la fête.

— Je n’aime plus les fêtes, monsieur Julien, dit-elle, en souriant doucement…

À la fin, comme Julien menaçait de les conduire lui-même voir le concours, ils cédèrent. Mme Cécile avait dit tout bas à Rose : « On ne faut pas devoir se reprocher plus tard qu’on lui aurait refusé ça. »

Dès qu’ils eurent traversé le quartier de la place du Béguinage, dont les rues provinciales sommeillaient sous l’œil clignotant des borgnes réverbères, ils trouvèrent, au boulevard Anspach, la cohue des grands soirs, une animation extrême. Le triomphe des Joyeux Amis de la Clamotte avait mis des tas de gens en liesse. Drapeaux, cartels, fanfares, chansons, pas redoublés, tambours, trompettes de cavalerie, danses barbares, clameurs assourdissantes, il y avait là, mixturés dans un tohu-bohu de foule décidée à s’amuser, tous les éléments qui entrent dans la composition d’une de ces fêtes populaires dénommées « gamelles de joie » par le poète irrité.

Sur la place de l’Hôtel de ville, les flots de l’énorme