Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/249

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trois heures, O. F… se présenta dans cet établissement ; on le laissa s’approcher des valves où il lut la lettre. Il s’éloigna aussitôt dans la direction de l’Atalaye. Sa démarche était ferme et son pas assuré ; mais ses traits étaient livides, nous a dit quelqu’un qui l’a frôlé au moment où il quittait le Casino.
xx» Il traversa la plage et gagna les rochers de la Chinaougue. La marée était haute. Il marchait sans tourner la tête. Quand il fut arrivé presque au sommet du promontoire, il enleva sa veste sans cesser de marcher, puis brusquement, il fit en avant un saut énorme et tomba dans le tourbillon des lames qui battaient le rocher avec une violence extraordinaire.
xx» Le cadavre, quelque temps ballotté, put enfin être harponné près du sémaphore. On le transporta à la mairie où, une heure après le concierge du Casino vint l’identifier.
xx» L’artiste célèbre dont O. F… était le manager vint réclamer le corps vers cinq heures. On juge de l’émotion de cette femme dont les beaux yeux étaient emplis de larmes, qu’elle essayait vainement de refouler. Malgré sa tristesse, la courageuse artiste n’a pas voulu que la direction fût en peine à cause d’elle, et elle a paru au programme comme les autres soirs. La femme légitime de O. F… a été prévenue par dépêche ; les funérailles auront lieu demain à la première heure. »

Quand Charles arriva à Biarritz, l’enterrement venait de prendre fin. Charles eut avec Jane une brève entrevue, à l’hôtel. Elle montra d’abord un grand chagrin :

— Le pauvre, il s’était monté le coup ! Qu’est-ce que vous voulez ? il a toujours été un peu louffoque.