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Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/258

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Il eut, ce soir-là, vers sept heures, une quinte terrible. Justement, le médecin entrait. Julien haleta longtemps après la crise ; les commissures de sa bouche se fronçaient dans une grimace douloureuse. Quand enfin il put parler, il dit au médecin :

— Ce ne sera pas aujourd’hui, n’est-ce pas ?

— Quoi donc ?

— Que je mourrai ?

— En voilà, des idées…

— C’est qu’avant de partir, je voudrais voir Mme Flagothier et M. Levé de Gastynes ; il est déjà tard, aujourd’hui, ils ne viendront plus.

— Vous les verrez demain.

— Votre parole que je serai encore en état de les recevoir, quand le jour reviendra ?

— Ma parole ; soyez donc tranquille…

Il soupira : il lui semblait qu’en rejetant l’échéance après la nuit, on l’éloignait pour très longtemps…

Il se remit à traîner sur les draps, avec un mouvement lent, incessant et régulier, ses mains aux doigts grappillants.

La nuit, l’inoubliable nuit a commencé.

Mme Cécile, assise près du lit, évite de parler. De temps en temps, Julien, muet, regarde de son côté pour se rassurer, pour s’affirmer qu’il n’est pas