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Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/50

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hommes assis côte à côte sur la marche, s’allongeant des tapes sur les cuisses.

— Vous étiez là ? dit-elle.

— Mes félicitations, dit Odon, en envoyant vers Rose le geste de ses dix doigts dans un shake-hand.

— C’était bigrement ficelé, ajouta Charles.

Rouge de plaisir et de confusion, Rose disparut dans la boutique.

En annonçant à Charles que le cousin Périnet lui ferait voir au dîner « quét chose de drolle », Rose n’avait pas menti.

Charles fut fixé tout de suite ; le chausseur, arrivé le premier, fit, d’un air offensé, la remarque que Flagothier n’était pas là ; il salua Charles, tel un ministre qui consent à être aimable avec un commis, la moustache haute et la poignée de main en l’air, comme démanchée à bout d’un bras horizontal. Habillé comme un jeune premier, des bourrelets aux omoplates, les clavicules creusées vers le milieu comme l’échine d’un cheval ensellé, il parlait d’une voix empruntée aux acteurs, prononçait : « kék’-z-affaires » pour « quelques affaires », abaissait à de certains moments des paupières lourdes, comme pour se recueillir et mieux faire sentir la profondeur et le poids de sa pensée.

L’odeur chaude de la cuisine dominait, cette fois,