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Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/58

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— On dirait que vous en voyez… dit Rose en riant ; vous avez des goûts de gelteman.

— Jockey-Klu…be, souffla Mme Cécile.

— Ne m’en parlez pas des cochons de chez nous, poursuivit Périnet, qui, n’ayant pas entendu, eut l’air un peu étonné en remarquant que chacun étranglait dans sa serviette. Ils sont détestables. Leur chààr, mon cher, ressemble à du suif, vous savez bien, à ces vieilles chandelles dont les Cosaques, du temps de je ne sais plus quel Napoléon, faisaient leurs délices, à ce que dit l’Histoire. Mon marchand me connaît. Parfois il me dit : « Repââssez demain ; aujourd’hui je n’ai que des sujets de deuxième choix. »

Il conclut :

— La succulence des mets, c’est la pierre de touche des gens qui savent vivre ; c’est un signe que nous avons en commun, nous, hommes très civilisés, avec les femmes sentimentâles…

Et il posa la main sur son porte-couteau afin que brillât le diamant qui ornait son petit doigt, les yeux mi clos, pour condenser sa pensée et re-songer aux belles choses qu’il venait de dire.

— Je ne vous aurais jamais cru si « distinghé » ! prononça avec simplicité Mme Cécile.

Et elle s’introduisit un demi-cuissot de lièvre dans la bouche.