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Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/75

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Vigoureux, le sang à la peau, l’œil clair, le poil frisé, la voix joyeuse et mâle, l’un d’eux criait :

— Verhaeren ? Oui, oui et mille fois oui, j’admire, je vénère, j’adore ! de la littérature exécutée sur un xylophone par un poing de fiévreux, soit ! Eh bien ! j’aime mieux ça que l’orgue de Hugo. Il me rase, l’orgue de Hugo !

Vert de bile, avec l’œil lourd des constipés, la bouche amère et ferme des convaincus, l’autre, prêchant un naturalisme lyrique et pantouflard à la Zola, répondit :

— Un malade, Verhaeren, parfaitement ! Et c’est ce que je hais en lui ; c’est ce que je hais en vous tous ; vous l’êtes tous, malades ! Oh ! la santé des choses, la nature souveraine, la joie de la vie ! Dire que nous sommes dans le pays de la robustesse flamande, de la couleur rubénienne ! La vigueur physique ne devrait-elle pas toujours se compléter par la vigueur morale ?

— Tu nous embêtes avec ta joie de vivre et ta vigueur morale, ripostait le jeune critique dramatique. Tu possèdes l’idéal bourgeois d’un pot de cornichons emmaillotté dans des devises de mirliton, tonton, tontaine et tonton. Ce qui est énorme, c’est que tu veux qu’on fasse du théâtre avec ça. Eh bien, zut : moi, il me faut du pervers et du faisandé !