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Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/89

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grimaçantes et repues de comiques pique-assiette, tandis que le bouchon saute et que le piano joue faux ; goguettes de parties de campagne, avec des ouvrières en chapeaux de cent sous, aux corsages décolletés sur la chair moite, tout à coup blanche à partir de la ligne du col : godailles d’étudiants emplissant les casquettes poisseuses de bières au pot, ou flambant le punch en des salles de taverne dont les portes, sans cesse battantes, font des courants d’air mortels ; bals de rapins où la chair échauffée et les dessous douteux des crotjes en cheveux ont des odeurs aigres et fortes ; vadrouilles aurorales par les estaminets de maraîchers, où l’on se remonte d’un coup de café noir, en traînant des femmes avachies et dolentes, la face blême, la bouche en noyer ciré, la voix éraillée, la tête bourdonnante, la jambe lasse et les nerfs douloureux ; soirées « intimes » dans les « salles de chocheté » où, devant un auditoire trépignant et allumé, des « amateurs » dégoisent des chansons obscènes, où l’on célèbre la morgue et les maisons publiques ; stations interminables, rue des Bouchers, dans les cabarets de nuit, où ne brûle plus qu’un seul bec de gaz, tandis que les serveuses sont mortes de sommeil et que des marlous querellent, en argot, des rouleuses esquintées et mal à l’aise ; épilogues décevants dans des chambres d’hôtel où, sur des