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Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/93

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— Garçon, vous « n’a » pas une culotte de rechanze ?

— J’en ai une, Monsieur, mais il y a un courant d’air dedans…

— Zo-ot !

Un joueur qui n’avait encore rien dit, se leva tout à coup, montrant le fond de son pantalon trempé par le contact du banc.

— Avec ça, je suis comme sur le petit cheval de bois : vous savez bien, hein ?…

Mais, soudain, tout le monde se tut : Jane Reclary entrait, dans l’auréole échevelée, blanche et frémissante des plumes de son boa démesuré, dans un sillage de parfums, dans un frou-frou de soie.

Elle n’était pas jolie. Le teint était très blanc, un teint de rousse, bien que ses cheveux fussent aile de corbeau ; ses grands yeux inquiétants, profonds, des yeux verts, d’une belle eau de pierre précieuse, ne consentaient que rarement à lever, pour vous fixer en face, le rideau frangé de leurs paupières, comme s’ils voulaient dérober obstinément, par un jeu malicieux, coquet et savant, l’énigme de ses pensées. Non, elle n’était pas jolie ; mais les plus jolies eussent passé inaperçues à côté d’elle. De tout l’attrait que l’artificiel et le maquillage de la théâtreuse ajoutent à la grâce que la femme possède en propre, de tout ce qui