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Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/114

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Quand je cause avec elle, je ne lui dis jamais que des choses sérieuses. Moi qui ai pourtant la langue à la bouche, je ne trouve pas de sujet de conversation ; si elle n’en inventait pas, je crois que je resterais à côté d’elle comme un béaud. Quand nous nous promenons dans le jardin, elle m’écoute à peine, elle regarde les arbres, le ciel et les fleurs ; elle attrape des bêtes qui volent — et même une grosse bête qui ne vole pas et qui s’appelle Gardedieu ; bref, elle est moqueuse et gaie, et moi je suis lourd et tout d’une pièce.

Je lui ai demandé l’autre jour — à quoi ça rime-t-il ? — si elle avait lu Alphonse Daudet.

Elle m’a regardé tout ébahie.

— Tante Lalie vous a dit ?

— M’a dit quoi ?

— Ah ! je croyais… Eh bien voilà : une fois, j’ai trouvé Sapho dans le train allant à Bruxelles ; j’ai regardé les images et j’ai remis le livre dans le filet : ça m’assotissait tout. Tante Lalie a dit que j’avais bien fait.

Et elle courut après le chien, qui saccageait une plate-bande d’œillets rouges.

J’en fus bien content : je n’aurais su que lui dire ; pouvais-je prendre un ton paternel ou lui