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Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/175

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passe ses journées à faire des démarches pour enrichir nos collections. C’est à ce point que j’ai cru devoir lui faire une visite de remerciements. Je l’ai trouvé amer et grognon, jugeant avec sévérité les gens et les choses.

Il m’a offert un Clos du Roy 1869 de derrière les fagots, puis ayant flairé son verre posément en fermant les yeux, il en a bu une gorgée, a fait claquer sa langue et dit : « C’est un ami ! » Alors, ayant allumé une pipe de tabac d’Obourg de la même année que le vin qu’il buvait, il m’a tenu des propos désobligeants pour nos concitoyens :

— On a dit que le Belge est un animal qui se plaint ; on pourrait dire que le Montois est un animal qui se débine. Depuis que Mons est Mons, il en est ainsi et il en sera vraisemblablement ainsi jusqu’à la consommation des siècles. Ce qu’on devrait pouvoir exposer dans votre salon folklorique, mon cher commandant, ce sont les médisances, les potins, les propos désobligeants qui s’entendent depuis des centaines d’années, sur la Grand-Place, le dimanche, à la sortie de la messe en musique de Ste-Waudru ; il y a des jours où il semble que des mouches empoisonnées volent en l’air et que, en marchant, on en écrase d’autres sur le pavé…

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