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Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/18

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de son cœur, des portières battent ; le cri « Mons !… Mons ! » est poussé par le garde-convoi qui se dérouille rapidement les jambes le long des marchepieds.

Mais déjà le train a jeté sur le quai voyageurs et bagages ; le voilà qui repart en vitesse, fonçant dans le noir, laissant derrière lui, reflétée par le miroir falot des rails parallèles, la rouge traînée de son fanal.

Dans la gare, les voyageurs débarqués disparaissent par les trappes des passages souterrains et on dirait que leurs pas s’étouffent dans des cryptes…

La même main invisible éteint les lumières et la gare retombe à son vaste silence. Mons, ville de couche-tôt, Mons un instant tirée de son premier sommeil, se retourne sur le côté et, tandis que décroît le roulement du train dans la plaine de Nimy, se rendort. La vie a passé : bonne nuit, Mons !

Le spectacle du passage du train de Paris fait partie du programme des distractions montoises ; on peut, quand les attractions chôment (chose qui arrive tout de même quelquefois), commencer sa partie de cartes après le souper, à la Main Bleue ou à la Fleur de Blé et la finir à temps pour assister au passage du train. Ce n’est pas gai, gai, gai, mais il faut se contenter de ce qu’on a.