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Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/21

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Personne pour m’attendre, pas même un membre du Cayaux Club que j’avais cependant averti de mon retour ; pas un officier de ma compagnie, pas même Had’laïtte ; mais celle-là — et celle-là seulement — était excusable, vu que je m’étais bien gardé de lui envoyer une dépêche, crainte qu’elle ne se mît à « dallage » pour un grand nettoyage de Pâques et qu’elle ne fît des trous dans mes vieux cuivres à force de les récurer.

Mes deux valises à la main, je traversais mélancoliquement le trottoir sous l’auvent, quand j’entendis éclater une voix, joyeuse comme un coup de trompette :

— Gédéong’ !

En même temps, deux bras m’entouraient et deux lèvres humides et tièdes se posaient sur ma joue droite.

— Tartarin !

C’était lui !

***

Pour vous dire la franche marguerite, je laissai tomber mes deux valises.

— Vous ne m’embrassez pas, commandant ?

— Si, si… (et je l’embrassai sur la joue gauche) mais je suis ahuri (sur la joue droite) de vous trouver là…