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Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/62

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toute une série de bonshommes en porcelaine peinte, hauts comme un petit doigt, qui composent un orchestre complet : que de fois, étant enfant, je les ai formés en rangs, que de chansons j’ai chantées devant eux en battant la mesure pour suppléer à l’immobilité du chef d’orchestre ! Une magnifique pendule Directoire posée sur la cheminée : berger tendant une flûte à une bergère accostée de deux moutons — le tout décoré en or fin ; tante Lalie l’avait pour ainsi dire ignorée, jusqu’au jour où un amateur lui en offrit mille francs. Les chaises sont tendues d’un drap moiré, rugueux et comme semé de piquants qui, lorsque j’étais gosse, m’entraient dans les fesses à travers le fond de mon petit pantalon.

Pour couvrir le marbre des châssis de fenêtre, d’épais boudins de toile cirée, couleur cinabre, s’ornent d’une guipure au crochet qui glisse sur leur épiderme luisant et cassant. Des contrepoids de fonte, peints en bronze, représentant des grappes de raisin, tendent les cordes de manœuvre des stores.

Un secrétaire à ouvrant, du grand-père Godin, voisine avec une vieille dresse dont les portes grincent et dont les tiroirs gémissent : Marquebreucq, le grand tapissier, dit que c’est du style