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Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/66

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pas les personnages officiels, mais les familles de la bourgeoisie aisée, qui, se trouvant là, y goûtent la tradition : on parle des vieilles gens en accordant à chacun une considération sévèrement dosée. Tous les convives se sentent, d’intelligence, la même inquiétude en face du modernisme ; on verrait entrer le grand-père Godin avec sa perruque, ses bas chinés et sa canne à tête de singe qu’on ne s’étonnerait pas ; il offrirait sa tabatière d’écaille que de nombreuses mains se tendraient sans doute pour y puiser.

Les amis de Tante Lalie ont une vie confortable, des mœurs simples et des goûts modestes. On est riche, en province, avec une petite fortune qui ne permettrait pas de faire figure dans une grande ville. Des parts de sociétés charbonnières constituent, depuis plusieurs générations, le fonds solide de ces patrimoines : « les autres travaillent, on est rentier » — ainsi l’a voulu le bon Dieu dans sa sagesse.

Un Montois, soldat de l’Habitude, ne s’explique que par Mons ; tout ce qui est Mons lui profite et fait sa vie : les massifs et les étangs du Waux-Hall, aussi bien que les procès du Palais de Justice, le jeu de balle sur la Place, les enterrements et les messes de mariages, le Petit-Marché et la fête de