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Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/73

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Le Ier février. — Grand dîner, hier, chez Tante Lalie. Vingt couverts. Service fait par le traiteur Dupuis, de la rue des Clercs. Bon mais trop copieux : Tante Lalie a toujours peur que les gens s’en aillent avec leur faim.

Le héros de la soirée fut le vieux Urbain Hégry, de la rue des Cinq Visages, enfin remis de la double pneumonie qu’il prit la nuit de la Noël, en sortant sans pardessus de « chez Mme Angot », le café au coin de la place et de la rue de Nimy.

Je vous ai déjà parlé de lui : il a quatre-vingt-trois ans. C’est le patriarche de la bourgeoisie montoise. On l’estime beaucoup en ville. Quand il quittera la rue des Cinq Visages pour la terre à pétotes, toute la société montoise le conduira à sa dernière demeure.

Il a conservé des dents magnifiques : quand il mange une grive, il croque tout, sauf les pattes et le bec. Et il vous vide sa bouteille de bourgogne et il vous avale cinquante huîtres comme vous gobcineriez une moule.