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Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/76

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sur la porte de l’armoire ; comment Gélique jeûne pendant les quarante jours du Carême et fleurit la Vierge pendant le mois de mai ; comment, dans sa chambre, tous les soirs, avant de se coucher, Gélique récite les litanies, en prenant son chaudeau et en vidant son pot du matin ; etc. Toute ancienne famille montoise a sa vieille servante ayant connu, dans la maison ancestrale trois, quelquefois quatre générations ; ces antiques « mesquennes » font partie des meubles de la cuisine ; l’habitation leur tient lieu d’univers ; elles ne la quittent que quand leurs mains séniles laissent échapper la vaisselle et que leurs jambes usées par trop de travail les obligent au fauteuil ; on les conduit alors, quelque soir, à l’hospice des Quanquennes où elles s’éteignent lentement, paisibles et discrètes, entre un rameau de buis et un pot de giroflées.

Les invités de Tante Lalie pratiquent, dans la conversation, le principe qui s’inscrit sur la manchette du journal « le Ropieur » : « le Wallon, dans les mots, brave l’honnêtreté ». Manger gras, parler gras. Urbain Hégry raconte toujours volontiers qu’un jour son père s’était rendu, sans s’être muni d’un journal, à l’endroit où le roi va-t-à pied. Il appela à plusieurs reprises la vieille servante : « Apportez-moi du papier ! » Et Gélique de répondre,