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Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/78

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— Lab…, lab.., lab… labibi…

— Quoi, lab… ?

— Lab… labibi… labibi…

Il s’étranglait, on aurait dit qu’il avait avalé une pétote qui ne voulait pas passer ; plus il faisait d’efforts, plus il s’embarrassait.

— Chante-le ! dit le père.

C’est la suprême ressource pour les tafiards, comme chacun sait.

Alors Bouboule, assidu du théâtre, prit la pose du tambour-major du Caïd, quand il chante

L’Amour, ce dieu profane,xxxxxxxxxxxxxxxxxx
Inventa (bis) la diane…

et, faisant le geste de mouliner dans l’espace une invisible canne de tambour-major :

La bière coule à la cave :

C’est Bouboul’ Petit, c’est Bouboul’ Petit…
La bière coule à la cave,

C’est Bouboul’ Petit qui l’a dit !

Comme il achevait ce morceau de bravoure, les yeux au ciel, la voix vibrante et la main gauche sur le cœur, il reçut, de la main irritée du père Petit, une maxigrogne qui l’envoya contre le mur, tandis que la mère Petit dégringolait à la cave et, de son index introduit comme une bonde, bouchait le chemin à ce qui restait de bière dans la tonne.