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Page:Gaskell - Cousine Phillis.djvu/231

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montrer curieux, sans qu’on eût celui de crier à l’impertinence.

Ellenor regretta Ralph et ses graves assiduités. Quand il eut pris congé, la pauvre enfant monta, tout courant, à une fenêtre de l’étage supérieur, pour accompagner du regard, le plus loin possible, le léger cabriolet qui l’emportait loin d’elle. Puis elle posa ses lèvres sur le carreau de vitre où lui était apparue, en dernier lieu, la tête de son bien-aimé, le bras qu’il agitait vers elle en signe d’adieu.

La famille du jeune avocat ne fut pas longtemps à s’apercevoir qu’il s’était passé à Ford-Bank quelques incidents de nature à brouiller les cartes ; mais les artifices maternels, les cajoleries de ses sœurs, ne purent entamer la réserve dont maître Ralph se cuirassait volontiers. Il se montra respectueusement mécontent, lorsque son père affecta de traiter à la légère les conventions faites avec « ce grand finaud de Wilkins, » et il prit soin de lui rappeler qu’on ne se jouait pas sans péril des engagements consacrés par la loi. Toutefois au fond de cette belle résistance, se cachèrent quelques arrière-pensées d’affranchissement ultérieur, que le jeune homme, du reste, se reprochait comme autant d’inspirations messéantes et coupables.

À Stokely-Castle, pendant les fêtes du mariage, il se trouva mêlé, pour la première fois sur un pied de parfaite égalité, à quelques représentants des plus grandes familles du pays. Certains d’entre eux comptaient parmi les patrons de M. Wilkins, et il les entendait parler de lui, sans aucune malveillance, mais avec une familiarité quelque peu dédaigneuse. Ils blâmaient les présomptueuses velléités de ce « pauvre garçon, » ses dépenses extravagantes, son peu d’assiduité au travail, la négligence qui l’avait amené à devenir la victime d’un associé