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Page:Gaskell - Cousine Phillis.djvu/249

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ture. Maintenant, te voilà seule, et condamnée à porter le fardeau de mes fautes. »

Il tremblait si fort, en lui parlant ainsi, que la nécessité de porter remède à son agitation fébrile vint heureusement distraire Ellenor des tristes pensées qui l’auraient accablée. Elle le veilla une partie de la nuit, et n’alla chercher que bien tard, dans sa propre chambre, le repos et l’oubli qui peut-être ne lui furent pas accordés.


IX


Le lendemain, à l’heure du déjeuner, Ellenor fut prévenue qu’un domestique de M. Ness demandait à lui parler. Cet homme lui remit la lettre que voici :

« Très-chère Ellenor (car je vous conserve et vous conserverai toute ma vie cette douce appellation), ma raison me fait envisager comme inévitable une démarche que je regrette au delà de tout ce que vous pouvez imaginer. Nous devons séparer nos destinées par suite de circonstances postérieures à notre engagement mutuel, et qui, — je puis m’en assurer sans savoir au juste de quoi il s’agit, — imposent à votre sensibilité un pesant fardeau, en même temps qu’elles modifient essentiellement la conduite de votre père. J’irai plus loin, elles ont entièrement altéré, depuis hier au soir, l’affection qu’il semblait me porter. J’ignore quoi elles consistent, à cela près du déshonneur que, vous le reconnaissez vous-même, elles peuvent, un jour donné, faire rejaillir sur votre famille. Or, une faiblesse innée, affaire de tempérament, me fait souhaiter, de préférence à