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Page:Gaskell - Les Amoureux de Sylvia.djvu/176

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nir le capital de commandite… C’est égal, l’affaire est encore excellente pour mon neveu… Voyons, Sylvia, continua-t-il se tournant vers sa fille, ne te plairait-il pas, au prochain marché, d’aller choisir un beau ruban dans la boutique de ton cousin ? »

Le souvenir d’un autre ruban, — jadis noué à sa chevelure, et devenu plus tard un gage de constance, — traversa peut-être la pensée de Sylvia qui répondit tristement, en s’écartant de son père :

« Merci, je ne compte pas aller au marché… Je n’ai pas besoin de rubans… Merci tout de même, vous savez ? »

Puis elle sortit, laissant ses parents fort occupés, en apparence, de cette heureuse crise survenue dans les affaires de leur neveu. À peine eut-elle disparu qu’ils cessèrent tout à coup de parler. Par manière de consolation, et aussi pour excuser sa fille, Daniel fit observer ensuite qu’il était près de neuf heures, et que les jours allongeaient beaucoup depuis quelque temps. Sans répliquer un seul mot, Bell réunit ses laines éparses, et commença les préparatifs de la nuitée. Rompant tout à coup le silence :

« Il m’avait jadis semblé, dit tout à coup le fermier, que Philip avait quelques pensées à l’endroit de notre Sylvia. »

La réponse de Bell se fit attendre pendant une minute ou deux. Bien que son mari eût des informations plus complètes, elle lisait mieux que lui dans le cœur de leur enfant :

« Si c’est à les marier que tu songes, dit-elle enfin, sache bien qu’il se passera du temps avant que la pauvre fille accepte un autre homme pour sweet-heart.

— Qui te parle de sweet-hearts ? … Vous êtes étonnantes, vous autres femmes, pour n’avoir que ce mot à la bouche… J’ai dit simplement que Philip avait jadis