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Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/102

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mit la main sur mon épaule, elle éclata de rire en me voyant tressaillir et m’entraîna dans la boutique par une porte de derrière.

— Eh bien, voyons ?

La fille du boulanger croisa les bras d’un air de défi. Ses yeux étaient étincelants et tout grands ouverts. Son air était hardi, un peu grossier ; elle paraissait agitée, mais il n’y avait rien de corrompu chez elle, rien qui indiquât la femme tombée que ses voisins se montraient au doigt. Je n’éprouvais pas pour elle autant de dégoût que j’aurais voulu.

— Eh bien, voyons ! répéta-t-elle.

Je lui transmis mot à mot le message de madame Rochdale.

Nancy parut surprise ; non point troublée, alarmée, honteuse, simplement surprise.

— Elle me demande, vraiment ; pourquoi ?

— Elle ne me l’a pas dit.

— Mais vous le devinez naturellement. Eh bien, qui s’en soucie ? Ce n’est pas moi.

Cependant son beau visage hâlé avait changé de couleur. Ses mains tremblaient en ôtant son tablier, en s’arrangeant convenablement comme elle disait. Tout d’un coup elle s’arrêta :

— A-t-on reçu des lettres… des nouvelles… du jeune M. Rochdale ?