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Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/129

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Nous entendîmes un faible cri : — Ô ma mère ; ma chère mère ! — Un sanglot et ce fut tout !

Madame Lemuel ferma la porte et s’assit sur les marches de l’escalier en pleurant. J’oubliai qu’elle avait été Nancy Hine, et je pleurai avec elle.

Madame Rochdale resta longtemps dans la chambre de son fils. Personne ne l’interrompit, pas même la femme. Madame Lemuel allait et venait dans la maison avec agitation, s’asseyant quelquefois pour causer familièrement avec moi, puis se reprenant et rappelant sa dignité. Elle avait fait de grands progrès. Ses manières et son accent étaient modifiés. Il était évident aussi que son esprit avait été cultivé, et que le bruit public n’avait pas menti lorsqu’on disait ironiquement que M. Rochdale avait renoncé à élever des chiens et qu’il élevait sa femme. Si cela était vrai, elle faisait honneur à son maître. Mais Nancy Hine avait toujours passé pour une fille intelligente.

Elle était gauche encore, lourde et sans grâce, elle ne possédait pas cette aisance simple qui établit d’une manière évidente le fait de la naissance et de l’éducation, quelle que puisse être la simplicité de la toilette ou des manières. Mais il n’y avait chez elle rien de grossier ou de désagréable, rien qui frappât comme une preuve de cette vulgarité innée et ineffaçable qui vient de la nature autant