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Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/161

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un tableau ou une statue, sans aller plus loin. Elle soutint son regard, peut-être sans s’en apercevoir ; ses pensées semblaient souvent bien loin de nous. On voyait qu’elle avait mené une vie pénible ; elle avait eu un grand chagrin ; on voyait cela aussi : du moins on pouvait le voir ; mais on ne pouvait guère demander tant de discernement à un homme aussi jeune que lord Erlistoun.

— Quel âge peut-il avoir, Jeanne ?

— Qui ? Lord Erlistoun ? Je n’en sais rien, on ne peut pas juger si vite. Mais le livre de Burke nous le dira, mistress Browne.

— Je vous avais bien dit, ma chère, que ce n’était pas une emplette inutile, dit ma mère en tournant les pages du Peerage, nécessité nouvelle chez nous. Le voilà : Nugent, baron Erlistoun. Allons donc ! il n’a que vingt-quatre ans, l’âge de Charles ; il est plus jeune que vous, Jeanne.

— Oui.

Ici l’objet de la discussion y mit involontairement un terme. En ouvrant la porte du salon, il avait l’air un peu fatigué, mais il écoutait toujours avec la politesse la plus exemplaire les moindres paroles de mon père. Or, la conversation de mon père valait toujours la peine d’être écoutée ; mais, comme la plupart des vieillards, il parlait longuement, et les maximes les plus sages comme les