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Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/193

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écoutait le coassement sourd des corbeaux, contemplait le croissant argenté de la lune, et puis un autre visage aussi calme, mais un peu triste, comme si, dans le silence de la nuit, Jeanne avait remonté le cours des années et était rentrée dans les sanctuaires de sa pénible vie, où personne ne pouvait la suivre.

— Miss Dowglas, — elle tressaillit légèrement, — je voudrais que vous connussiez ma mère ; elle vous plairait sous bien des rapports, et je crois aussi…

Il s’arrêta.

— J’ai reçu une lettre d’elle ce matin, auriez-vous quelque envie de la lire ?

— Merci ; vous savez la manie que j’ai de lire les lettres des étrangers ; quelquefois elles révèlent des coins de caractère inconnus aux correspondants eux-mêmes.

— Je voudrais bien savoir ce que vous trouveriez ici.

Et il retenait l’enveloppe parfumée aux nuances délicates, avec son écriture élégante et son grand cachet armorié, avant de la mettre entre les mains de Jeanne.

— Lisez tout si vous voulez, excepté la page croisée ; elle n’a qu’un défaut, ma bonne mère, comme elle n’a croisé qu’une page.