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Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/24

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prétexte de donner plus de lumière à la jeune fille pour sa couture, mais en réalité afin de la mieux voir ; là-dessus, elle n’y tint plus et, se levant, elle dit qu’elle allait coucher sa petite nièce ; certainement jamais enfant de deux ans ne donna autant de peine, car Guillaume eut beau attendre encore une heure et demie, elle ne redescendit plus. Il gagna cependant le cœur du père par ses qualités d’auditeur ; il y a des gens qui ne sont pas difficiles et qui n’ont pas la prétention qu’on fasse attention à ce qu’ils disent, pourvu qu’on les laisse parler sans interruption.

Guillaume apprit d’ailleurs quelque chose dans la conversation du vieillard. Autrefois, celui-ci avait fait des affaires de la haute volée, et sa faillite avait été plus considérable que celle d’aucun autre fruitier de sa connaissance, du moins parmi ceux qui ne mélangeaient pas le commerce du poisson avec celui de la fruiterie. Cette grande faillite était évidemment l’événement de sa vie, et il y revenait avec une espèce d’orgueil singulier. Il paraissait pour le moment se reposer de ses travaux passés en fait de faillite, et vivre complètement aux frais de sa fille, qui tenait une école pour les petits enfants. Mais Guillaume ne se rappela et ne comprit tous ces détails qu’en sortant de la maison. Tout le temps qu’il était là, il pensait à