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Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/256

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famille comme il suit. Charles emmena Russell avec lui dans sa cure. On m’offrit un poste de confiance dans une maison de Londres, et je demandai une petite place pour qu’Algernon pût commencer sa carrière. Pauvres enfants, la vie commençait pour eux tout autrement qu’ils n’avaient cru ; mais le courageux sang des travailleurs qui coulait dans leurs veines l’emporta sur la mollesse de leur éducation ; après le naufrage, ils se lancèrent à la mer sans hésiter, résolus à nager vers la terre.

— Et maintenant… ma mère.

— Votre mère est la mienne, Marc, dit Jeanne résolument.

En effet, depuis le matin où elle l’avait amenée au milieu de ses enfants, après l’avoir tendrement revêtue du cruel costume exigé par l’habitude, depuis ce moment où nous la vîmes, veuve, dépouillée à jamais de ses belles toilettes, l’histoire de sa vie terminée, depuis qu’elle méritait par conséquent un double respect et une double tendresse de chacun de nous, Jeanne s’empara pour toujours de la place et des devoirs d’une fille.

Elles ne s’étaient pas toujours entendues jusque-là, elles différaient presque sur tous les points ; mais dorénavant toutes les faiblesses de ma mère devinrent sacrées pour Jeanne ; elle supporta patiemment toutes les faiblesses, elle fit la part de