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Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/278

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effaçant les pénibles traces du chagrin ; son doux visage redevint paisible comme celui d’un enfant. Je savais que cela lui ferait du bien, ses traits frémissaient encore, ses larmes tombaient toujours, mais je voyais que son esprit comme sa voix s’unissaient au vers qui commence et qui termine le Lobgesang : « Que tout ce qui a le souffle et la vie chante au Seigneur ! »

Je laissais tomber cette pluie bienfaisante, je ne lui parlais pas. Dans les intervalles, je me levais, examinant vaguement les gens qui nous entouraient, les physionomies intelligentes, expressives, qu’on rencontre d’ordinaire dans l’auditoire d’Exeter-Hall ; et puis au delà de la ligne de démarcation, les places à demi-guinée, et les gens exclusifs qui ne jouissaient probablement pas de leur soirée autant que nous. Je m’amusais à regarder les unes après les autres ces éclatantes sorties de bal, ces têtes découvertes, en pensant à la tête baissée à côté de moi, à celle qui parmi ces milliers de femmes était plus précieuse que l’or, cheveux gris et tout… à un autre.

Je crois, je suis sûr que dans ce moment, dans ce silence, plus rempli que des mois de ma vie ordinaire, j’avais complètement oublié lord Erlistoun. Je crus donc voir un fantôme se relever d’entre les morts, ou mieux encore, dans les