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Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/299

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Mouillée, crottée, un cahier de musique sous le bras, pâle, avec cet air épuisé que prennent peu à peu tous les maîtres, elle était là devant le jeune homme, si sensible aux choses extérieures par nature et par éducation. Peut-être sentit-elle quelque chose, quelque chose d’insaisissable que toute sa politesse courtoise ne put cacher ; elle rougit, dit vaguement qu’elle ne prenait jamais froid et monta chez elle.

Les contrastes ont leur bon côté, mais non ce genre de contraste. Toute la soirée, une foule de petits incidents, sans importance en eux-mêmes, vinrent assaillir Jeanne et la faire tressaillir comme une personne qui cherche à marcher d’un pas ferme, mais qui rencontre à chaque instant des pierres ou des épines, ces petites choses qui, involontairement, sans qu’on s’en rende compte, sont le signe du déclin de l’amour.

Elle prit son ouvrage. Lord Erlistoun, toujours oisif, s’assit auprès d’elle ; elle lui demanda machinalement où il avait été toute la semaine, et il répondit d’un ton d’excuse, par une longue liste d’engagements inévitables.

— Ce n’est pas ce que je voulais dire. Je sais que vous devez être très occupé, vous étiez à la réception de la Reine, lundi ?

— Oui, cela était nécessaire, en revenant de