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Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/306

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— Est-ce votre ancien reproche, ma nature inconstante ? dit lord Erlistoun amèrement. Parce que vous n’êtes pas mon premier amour, comme on dit ?

— Non, je ne suis pas si folle ; pour la plupart des hommes le dernier amour vaut mieux que le premier ; ce sera le cas pour vous ; mais il faut que ce soit le dernier. J’aime mieux vous dire toute la vérité.

Jeanne parlait vivement, avec agitation, comme une personne longtemps comprimée.

— Vous disiez que j’étais un ange, mais je suis une femme, et même une femme pleine de défauts. Je sais ce que c’est que la jalousie, pénible à supporter en amitié, plus pénible encore en amour, mais dans le mariage, je ne pourrais pas la supporter. Cela me rendrait folle, cela me corromprait. Par conséquent, même pour mon propre compte, je n’ose pas vous épouser.

— Vous n’osez pas ?

— Ne vous fâchez pas ; je ne vous fais pas de reproche, mais ne fermons pas les yeux à la vérité. L’amour peut changer, il change ; il vaut mieux que ce soit chez un amant, pour qui cela est encore excusable et remédiable, que chez un mari qu’on mépriserait dans une certaine mesure tout en lui pardonnant.