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Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/310

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À ce reproche, le seul qu’elle lui eût jamais fait, il céda complètement.

— Écrivez-moi seulement ; l’attente sera intolérable jusqu’à votre lettre.

— J’écrirai… une fois.

— Pas davantage ?

— Pas davantage.

Il leva les yeux et il vit un instant… si jamais un homme peut voir ce qui se passe dans le cœur d’une femme.

— Un mot seulement. Dites-moi que vous n’êtes pas malheureuse.

Jeanne hésita un moment, puis elle répliqua :

— Je ne crois pas qu’il soit dans la volonté de Dieu qu’une de ses créatures ait le pouvoir d’en rendre une autre malheureuse d’une manière permanente.

— Et vous me pardonnez ?

Jeanne se pencha vers lui ; il était assis, et elle le baisa au front, le premier baiser qu’il eût jamais reçu d’elle et le dernier.

Ils sortirent ensemble et suivirent, en se donnant le bras, la rue tranquille où on allumait les lampes dans de petits salons bien clos, pendant qu’on couchait les enfants récemment arrachés à leurs jeux, et qu’on attendait le retour des maris fatigués.