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Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/330

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— Marc, je sens aussi que les seules choses qui aient quelque valeur en ce monde sont le devoir et l’honneur. Voulez-vous me confier le vôtre ?

— Que voulez-vous dire ?

— Vous m’avez demandé mon avis, le voici. Acceptez l’argent de ce brave homme, usez-en bien, payez-le si vous pouvez. Si vous ne le pouvez pas et que je vive, je le payerai. Si je meurs, je prendrai soin qu’il soit payé après ma mort. Maintenant, aurez-vous l’esprit en repos ?

Peu d’hommes probablement ont éprouvé ce que j’éprouvais alors. La générosité, le service, ne pesaient pas une once à mes yeux : je me sentais dans le cœur de quoi tout balancer, et j’aurais souri à l’idée même d’une obligation entre Jeanne et moi : mais c’était la bonté, la tendresse qui, indifférentes ou non à ma personne, comprenaient et respectaient le véritable moi, et étaient prêtes à protéger jusqu’à la mort ce que j’estimais par-dessus tout, ma conscience et mon honneur.

— Serez-vous satisfait ? répéta-t-elle. Voulez-vous vous fier à moi ? Je me fierai à vous, je l’ai toujours fait.

— Vous vous fiez à moi, Jeanne ?

— Plus qu’à qui que ce soit au monde.

Sans doute, elle fut étonnée de ce que je ne répliquai rien, de ce que je ne touchai pas même la