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Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/52

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suppliants, mais les paupières blanches restaient baissées sur les yeux bleus, aucun murmure ne s’échappait des lèvres pâles. Les larmes brûlantes qui coulaient sur elle ne la réveillaient pas ; elle restait là raide, froide et lassée de sa courte vie, sur les genoux de son amie. Le cœur manquait d’effroi à Suzanne. Elle l’emporta dans sa chambre et l’étendit tendrement sur le lit ; elle s’habilla précipitamment de ses mains tremblantes. Son père s’était endormi sur un banc près du feu ; il n’était bon à rien et c’eût été pis encore s’il s’était réveillé.

Mais Suzanne sortit précipitamment, vola le long de la rue silencieuse jusqu’à la porte du médecin le plus voisin. Elle se hâtait, mais, derrière elle, courait une ombre qui semblait poussée par une terreur subite. Suzanne sonna violemment, l’ombre qui la suivait se cacha derrière un mur. Le docteur mit la tête à une fenêtre.

— Une petite fille vient de tomber d’un escalier au no 9, rue de la Couronne ; elle est bien malade, elle se meurt, je crois. Je vous en prie, monsieur, pour l’amour de Dieu, venez vite no 9, rue de la Couronne.

— J’y vais à l’instant, dit-il, et il referma la fenêtre.

— Au nom du Dieu dont vous venez de parler,