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Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/61

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Suzanne eût bien voulu rester auprès de sa petite Nancy, mais son temps et ses pensées ne lui appartenaient pas, et, comme toujours, il fallait que sa volonté fût sacrifiée à celle des autres. Chacun semblait se décharger sur elle de son fardeau. Son père était de mauvaise humeur par suite de son intempérance de la veille, et il ne se fit pas scrupule de lui reprocher la mort de la petite Nancy ; puis, lorsqu’après avoir doucement supporté ses remarques pendant quelque temps, elle se mit à pleurer, il la blessa plus cruellement encore en essayant de la consoler et en disant que ce n’était pas tant pis que la petite fût morte ; après tout, elle n’était pas à eux, et pourquoi en auraient-ils l’embarras ? Suzanne se tordait les mains ; elle s’approcha de son père et le conjura de se taire. Puis elle eut à s’occuper de l’enquête judiciaire ; elle eut à renvoyer ses petits écoliers ; enfin il fallut dépêcher un petit voisin de bonne volonté chez Guillaume Leigh, qui devait, pensait-elle, savoir ce qu’était devenue sa mère et être mis au courant des affaires. Elle lui faisait demander de venir lui parler parce que sa mère était chez elle. Heureusement son père sortit pour aller jusqu’à la première place de fiacres raconter tout ce qu’il savait des événements de la nuit, car Suzanne ne lui avait pas encore parlé de celle qui