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Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/72

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Madame Rochdale était grande, trop grande dans sa jeunesse ; mais la taille est un avantage, passé quarante ans. Ses traits, plus doux qu’énergiques, paraissaient plus doux encore sous les bandeaux de ses cheveux gris ; peut-être étaient-ils réguliers, je ne suis pas artiste, je n’en sais rien ; mais là n’était pas son charme, c’était une grâce inexprimable, insaisissable, sa présence éclairait une maison, et son absence la replongeait dans l’ombre ; c’était la majesté douce et polie de sa tournure, ses paroles et ses mouvements pleins d’harmonie. Quand elle se taisait, l’aimable aisance de ses manières mettait à l’aise tous ceux qui l’entouraient. Quand elle parlait, sans jamais parler beaucoup, elle semblait toujours par instinct dire aux gens ce qui pouvait leur plaire, au bon moment, comme il fallait. C’était le type de la femme bien élevée, le plus rare de toute l’espèce humaine, ce type qui se détache de tout ce qu’on a coutume d’appeler des femmes charmantes ou des personnes distinguées.

À vingt-trois ans, elle devint la femme de M. Rochdale ; à vingt-cinq, elle était veuve. À partir de ce moment, sa vie tout entière se concentra sur son fils ; il avait un an et il était déjà Samuel Rochdale, seigneur du manoir de Thorpe et de Stretton Magna, propriétaire de l’une des