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Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/8

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froideur des années passées. C’est ce sentiment qui lui fit refuser toutes les instances de ses fils, qui l’engageaient à voir les bons voisins qui s’arrêtaient en se rendant à l’église pour lui offrir leur sympathie et leurs consolations. Elle voulait rester avec ce mari mort qui lui avait parlé si tendrement à la fin, après avoir gardé le silence pendant trois ans ; qui sait ? si elle avait été plus douce, moins irritée, moins réservée, peut-être aurait-il cédé plus tôt… et à temps !

Elle se balançait sur sa chaise au pied du lit, entendant à peine les pas qui entraient et sortaient dans la chambre au-dessous ; elle souffrait depuis trop longtemps pour laisser violemment éclater sa douleur ; les traces des pleurs étaient creusées sur ses joues, et les larmes coulèrent incessamment tout le jour. Mais lorsque la longue nuit d’hiver vint à tomber, lorsque les voisins furent tous rentrés chez eux, elle s’approcha doucement de la fenêtre et regarda longtemps d’un air inquiet les vastes bruyères plongées dans les ténèbres. Elle n’entendit pas la voix de son fils qui lui parlait derrière la porte, elle ne s’aperçut pas qu’il entrait et elle tressaillit lorsqu’il la toucha.

— Mère, descends. Nous sommes seuls, Guillaume et moi ; mère chérie, nous avons besoin de toi.