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Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 2.djvu/27

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― Pardieu, c’est Fortunio, interrompit Alfred ; que t’importe ?

― Un excellent gentilhomme ; il est tout ce qu’il y a de plus marquis au monde ; mon père a beaucoup connu le sien ― il a des armoiries à ne déparer les panneaux d’aucune voiture, ajouta George par manière de réflexion.

― Il est très beau, dit la Cinthie, aussi beau que le Saint Michel du Guide à Rome, dont j’ai été amoureuse étant petite fille.

― Personne n’a de meilleures manières, et de plus il est spirituel comme Mercutio, continua Arabelle.

― On le dit éperdument riche, plus riche que tous les Rotschild ensemble, et généreux comme le Magnifique du conte de la Fontaine, reprit Phébé.

― Quelle est donc la maîtresse de cet heureux personnage, qui paraît avoir eu une fée pour marraine ? dit Musidora.

― On ne sait ; car à toutes ces vertus Fortunio joint une discrétion parfaite ; mais ce n’est assurément aucune de vous, car elle l’aurait crié sur les toits, répondit George. Ce sera toi si tu le veux, ou si tu le peux, car le Fortunio paraît solidement cuirassé contre les flèches de l’Amour, et les rayons de tes yeux de chatte, si aigus et si brûlants qu’ils soient, ne me paraissent pas de force à entamer son armure.

― Un jeune pair d’Angleterre, qui avait six