Aller au contenu

Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 2.djvu/278

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’a pas lu les poètes et ne connaît seulement pas les noms d’Homère ou de Virgile ; les complaintes du Juif Errant, d’Henriette et Damon, imprimées sur bois et grossièrement coloriées, forment toute sa littérature, en y joignant le latin de son livre de messe, qu’elle épelle consciencieusement chaque dimanche ; Virginie n’en savait guère plus au fond de son paradis de magnoliers et de jam-roses.

Vous êtes, il est vrai, très au courant des choses de la littérature. Vous possédez à fond l’esthétique, l’ésotérique, la plastique, l’architectonique et la poétique ; Marphurius et Pancrace n’ont pas une plus belle liste de connaissances en ique. Depuis Orphée et Lycophron jusqu’au dernier volume de M. de Lamartine, vous avez dévoré tout ce qui s’est forgé de mètres, aligné de rimes et jeté de strophes dans tous les moules possibles ; aucun roman ne vous est échappé. Vous avez parcouru de l’un à l’autre bout le monde immense de la fantaisie ; vous connaissez tous les peintres depuis André Rico de Candie et Bizzamano, jusqu’à MM. Ingres et Delacroix ; vous avez étudié la beauté aux sources les plus pures : les bas-reliefs d’Égine, les frises du Parthénon, les vases étrusques, les sculptures hiératiques de l’Égypte, l’art grec et l’art romain, le gothique et la renaissance ; vous avez tout analysé, tout fouillé ; vous êtes devenu une espèce de maquignon de beauté dont les peintres pren-