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Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 2.djvu/343

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car voler un chien semblait à ces deux fripons fieffés un pur enfantillage. Même Similor, qui était consciencieux, dit à son maître :

« Monsieur le duc, si vous voulez, on vous volera encore quelque chose par-dessus le marché.

— Ah çà ! marauds, ne volez que le chien, ou je vous roue de coups tout vifs, ajouta le duc en manière de réflexion patriarcale ; Similor, vous avez trop de zèle. »

Giroflée, qui était un homme d’une prudence consommée, eut soin de se faire avancer par le duc la moitié de la somme, disant que l’argent est le nerf de la guerre, et qu’il faut en avoir même pour voler. Le duc, dont la confiance en la probité de Giroflée n’était pas des plus illimitées, fit d’abord la sourde oreille, mais enfin il se décida à donner les vingt-cinq louis. Giroflée, pour le consoler, lui fit un mémoire admirablement circonstancié d’après lequel il paraissait même devoir mettre de l’argent de sa poche.


MÉMOIRE DE GIROFLÉE

« Dix louis pour acheter un déshabillé gorge de pigeon à Mlle Beauvau, femme de chambre de la marquise et gardienne du petit chien Fan-