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Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 2.djvu/424

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pieds d’ivoire des dieux, qui n’ont jamais foulé que l’azur du ciel ou la laine floconneuse des nuages.

Il est accoudé sur le dos du fauteuil de Plangon. Plangon est à sa toilette ; des esclaves moresques passent dans sa chevelure des peignes de buis finement denticulés, tandis que de jeunes enfants agenouillés lui polissent les talons avec de la pierre ponce, et brillantent ses ongles en les frottant à la dent de loup ; une draperie de laine blanche, jetée négligemment sur son beau corps, boit les dernières perles que la naïade du bain a laissées suspendues à ses bras. Des boîtes d’or, des coupes et des fioles d’argent ciselées par Callimaque et Myron, posées sur des tables de porphyre africain, contiennent tous les ustensiles nécessaires à sa toilette : les odeurs, les essences, les pommades, les fers à friser, les épingles, les poudres à épiler et les petits ciseaux d’or. Au milieu de la salle, un dauphin de bronze, chevauché par un cupidon, souffle à travers ses narines barbelées deux jets, l’un d’eau froide, l’autre d’eau chaude, dans deux bassins d’albâtre oriental, où les femmes de service vont alternativement tremper leurs blondes éponges. Par les fenêtres, dont un léger zéphyr fait voltiger les rideaux de pourpre, on aperçoit un ciel d’un bleu lapis et les cimes des grands lauriers-roses qui sont plantés au pied de la muraille.