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Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 2.djvu/526

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CHAPITRE II


En notre qualité de poète, nous avons le droit de relever le flammeum couleur de safran qui enveloppait la jeune épouse, ― plus heureux en cela que les Sardiens qui, après toute une journée d’attente, furent obligés de s’en retourner chez eux, réduits, comme avant, aux simples conjectures.

Nyssia était réellement au-dessus de sa réputation, quelque grande qu’elle fût ; il semblait que la nature se fût proposé, en la créant, d’aller jusqu’aux limites de sa puissance et de se faire absoudre de tous ses tâtonnements et de tous ses essais manqués. On eût dit qu’émue d’un sentiment de jalousie à l’endroit des merveilles futures des sculpteurs grecs, elle avait voulu, elle aussi, modeler une statue et faire voir qu’elle était encore la souveraine maîtresse en fait de plastique.

Le grain de la neige, l’éclat micacé du marbre de Paros, la pulpe brillantée des fleurs de la balsamine donneraient une faible idée de la sub-