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Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 2.djvu/7

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personnages n’est pas tellement impénétrable qu’il ne laisse transparaître les physionomies.

Selon notre habitude, nous avons copié sur nature les appartements, les meubles, les costumes, les femmes et les chevaux, avec curiosité, scrupule et conscience, nous avons très peu arrangé et seulement quand les nécessités de la narration l’exigeaient impérieusement. Tout cela ne veut pas dire que Fortunio soit un bon livre, ni même un livre amusant ; mais au moins toutes les formes extérieures y sont étudiées de près, et rien n’y est peint de convention.

L’on peut voir par ce peu de lignes la maigre sympathie que nous avons pour les romans à grandes prétentions.

Si cependant l’on voulait à toute force donner un sens mythique à Fortunio, Musidora, dont la curiosité cause indirectement la mort, ne serait-elle pas une Psyché moderne, moins la pureté virginale et la chaste ignorance ? Nous avons fait Fortunio assez beau, assez comblé de perfections pour représenter convenablement l’Amour ; et d’ailleurs tout le monde en cette vie n’est-il pas à la poursuite d’un Eldorado introuvable ?

Les saint-simoniens seraient bien maîtres d’y voir la réunion symbolique de l’Orient et de l’Occident, depuis longtemps préconisée ; mais, comme dit Fortunio : « Quel gaz remplacera le soleil ? »