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Page:Gautier - Constantinople, Fasquelle, 1899.djvu/116

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IX

LES BOUTIQUES


La boutique orientale diffère beaucoup de la boutique européenne : c’est une espèce d’alcôve pratiquée dans la muraille et qui se ferme le soir avec des volets qu’on rabat comme des mantelets de sabord ; le marchand, accroupi en tailleur sur un bout de natte ou de tapis de Smyrne, fume nonchalamment son chibouck ou fait défiler dans ses doigts distraits les grains de son comboloio d’un air impassible et détaché, gardant la même pose des heures entières et ayant l’air de se soucier fort peu de la pratique ; les acheteurs se tiennent habituellement en dehors, dans la rue, examinant les marchandises entassées sur la devanture sans la moindre coquetterie mercantile ; l’art de l’étalage, poussé à un si haut degré en France, est entièrement inconnu ou dédaigné en Turquie ; rien ne rappelle, même dans les plus belles rues de Constantinople, les splendides magasins de la rue Vivienne ou du Strand.