Aller au contenu

Page:Gautier - Constantinople, Fasquelle, 1899.djvu/246

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XX

LE BEÏRAM


Le Ramadan était fini : et, sans vouloir entacher en rien le zèle des musulmans, on peut dire que la cessation du jeûne est accueillie avec une satisfaction générale ; car, malgré le carnaval nocturne dont est doublé ce carême, il n’en est pas moins pénible. À cette époque, chaque Turc renouvelle sa garde-robe, et rien n’est plus joli que de voir les rues diaprées de costumes neufs, de couleurs vives et riantes, agrémentées de broderies ayant tout leur éclat, au lieu d’être tachés de haillons pittoresquement sordides, plus agréables dans un tableau de Decamps que dans la réalité ; tout musulman revêt alors ce qu’il a de plus gai, de plus riche : le bleu, le rose, le vert-pistache, le jaune-cannelle, l’écarlate, brillent de toutes parts ; les mousselines des turbans sont propres, les babouches pures de boue et de poussière ; la métropole de l’Islam a fait sa toilette de fond en comble. — Si un voyageur arrivé par un bateau à vapeur descendait