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Page:Gautier - Constantinople, Fasquelle, 1899.djvu/327

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L’ELBICEI-ATIKA.

d’un casque, est divisée par une baguette de cuivre pareille à celle qu’on voit sur certains morions pour protéger le nez contre les coups de sabre, et de la nuque s’échappe un flot d’étoffe grise s’étalant par derrière ; un large pantalon rouge complète cet accoutrement aussi incommode que baroque. Les hérauts des anciens tournois ne devaient pas être plus gênés dans leurs massives armures que ce malheureux yenitcheri-oustaci dans sa tenue de parade ; l’orta-sakacci (chef des porteurs d’eau) n’est pas moins originalement accoutré : sa veste ronde, large, sans taille, coupée en tabar ou paletot, est imbriquée et papelonnée de plaques de cuivre ; sur ses épaules, deux espèces de jockeys saillants, également recouverts d’écaillés de métal, encadrent sa tête d’une manière bizarre ; une outre en cuir se rattache à son dos par des courroies ; à sa ceinture est passé un martinet, — un cat of nine tails. Plus loin, deux officiers portent la marmite de l’orta passée par l’anse dans un long bâton. Sur cette marmite, des caractères en relief marquent le chiffre du régiment. La description détaillée de l’allumeur de chandelle, du porteur de sébile, des porteurs de baklava et du gracioso, avec son bonnet à poil et son tarabouk, nous mènerait trop loin ; citons quelques figures de kombaradji (bombardeurs) faisant partie du corps fondé par Ahmed-Pacha (le comte de Bonneval), renégat célèbre, dont le tombeau existe encore au Tekké des derviches tourneurs de Péra, un des soldats du nizam-djedid, institué par le sultan Selim pour contrebalancer l’influence des janissaires. — C’est de ce corps, formé des débris des milices de Saint-Jean-d’Acre, que date l’introduction de l’uniforme dans les troupes ottomanes. Le costume du nizam-djedid ressemble beaucoup à celui des zouaves et des spahis de notre armée d’Afrique ; quelques échantillons de Grecs, d’Arméniens et d’Arnautes, complètent la collection.