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Page:Gautier - Constantinople, Fasquelle, 1899.djvu/340

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XXVIII

LE MONT BOUGOURLOU. — LES ÎLES DES PRINCES


La farce jouée, je louai un talika pour aller visiter le mont Bougourlou, qui s’élève à quelque distance de Kadi-Keuï, un peu en arrière de Scutari, et du haut duquel on jouit d’une admirable vue panoramique sur le Bosphore et sur la mer de Marmara.

Les Turcs, bien qu’ils n’aient pas d’art proprement dit, puisque le Koran prohibe comme une idolâtrie la représentation des êtres animés, ont cependant, à un haut degré, le sentiment du pittoresque. Toutes les fois qu’il y a dans un endroit une belle échappée, une perspective riante, on est sûr d’y trouver un kiosque, une fontaine et quelques osmanlis faisant le kief sur leur tapis déployé ; ils restent là des heures entières dans une immobilité parfaite, fixant sur le lointain leurs yeux rêveurs, et chassant de temps à autre, par la commissure de leur lèvre, un flocon de fumée bleuâtre.