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Page:Gautier - Constantinople, Fasquelle, 1899.djvu/69

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V

LA TROADE, LES DARDANELLES


Quel regret de quitter si vite Smyrne, cette ville à la grace asiatique et voluptueuse ! Tout en me hâtant vers le canot, mon regard plongeait avidement par les portes entr’ouvertes qui laissaient voir des cours pavées de marbre, rafraîchies de fontaines comme les patios d’Andalousie, et des jardins verdoyants, oasis de calme et d’ombre qu’embellissaient de charmantes jeunes filles en peignoir blanc ou de couleurs tendres, la tête ornée de l’élégante coiffure grecque, et groupées à souhait pour le peintre ou le poëte. Ce regret s’adresse aux belles rues de la ville, à la rue des Roses et à celles qui l’avoisinent ; car dans le quartier juif et dans certaines portions du quartier turc règnent une misère sordide, un délabrement hideux. La justice me force de ne pas dissimuler ce revers de la médaille.

Malgré sa haute antiquité, puisqu’elle existait déjà du temps d’Homère, Smyrne ne renferme qu’un très-petit