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Page:Gautier - Fusains et eaux-fortes.djvu/197

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FUSAINS ET EAUX-FORTES

On pourrait donner le plus charmant bal du monde dans ces salles d’attente : il n’est pas besoin de dire que toutes ces élégantes dispositions sont dues à la fertile imagination de MM. Feuchères, Séchan, Diéterle et Desplechins, les ingénieux décorateurs de l’Opéra. Il n’y a qu’eux de capables d’arranger avec cet esprit, cette richesse et cette grâce ; en vérité nous ne nous imaginions pas rencontrer tant de splendeur au chemin de fer, qui est de sa nature assez chaudronnier et assez anti-pittoresque.

Jusqu’ici c’est fort bien, le chemin de fer se présente sous les apparences les plus attrayantes ; il vous a fait des surprises agréables ; vous croyez entrer dans une forge, dans un antre de cyclope tout noir de fumée et de charbon, et vous vous trouvez dans une salle du palais d’Aladin, vous êtes en pleines Mille et une Nuits, dans une ravissante décoration d’opéra mais, ne vous y fiez pas, le chemin n’est pas aussi bon enfant qu’il en a l’air ; approchez-vous de ces petites affiches encadrées de noir, et vous y verrez les avis les moins rassurants du monde.

Avis. — Les voyageurs qui tiennent à leur tête sont priés de ne pas la sortir hors des voitures, attendu qu’ils seraient guillotinés subitement tout vifs en passant sous les ponts et sous les voûtes.

Il ne faut pas se lever, se tenir debout dans les voitures, sous peine d’être lancé sur le rail-way, où