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Page:Gautier - Fusains et eaux-fortes.djvu/26

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SCÈNES POPULAIRES.

certain mendiant crétin auquel il fait faire mille singeries.

Une foule de mots vrais, de scènes comiques charment, du moins pour le lecteur, l’ennui du voyage ; aucun des incidents fâcheux n’est oublié ; il y a de quoi faire ajourner indéfiniment au lecteur le plus agréable voyage. Plus d’un bourgeois, après cette lecture, attendra pour aller voir la mer que ses moyens lui permettent d’avoir une chaise de poste.

La Garde-malade est un tableau à la fois triste et grotesque des derniers moments d’un pauvre homme livré à l’indifférence d’un médecin et à la haine d’une garde-malade qui lui reproche de ne pas mourir assez vite.

L’Intérieur de bureau n’est pas moins vrai que les autres tableaux ; mais une analyse ne donnerait qu’une fausse idée de ces petites scènes dont les détails sont à la fois si fins, si charmants et si cruels, et nous conseillons au public de tout lire, car il nous faudrait tout citer.

Une observation générale que l’on peut faire sur les comiques de grande portée, c’est qu’il y a toujours quelque chose de triste au fond de leurs ouvrages. Il suffit d’une blessure au cœur ou à l’esprit pour qu’un écrivain, en reproduisant ses impressions, fasse répandre des larmes ; mais tout le dédain et le mépris pour l’humanité des auteurs comiques dont les écrits doivent rester ont été achetés par bien des